De plus en plus
de salarié·e·s précaires



En France en 2018, 3,7 millions de salarié e s ont des contrats de travail précaire , soit un sur 6 des 25 millions de salariés (Observatoire des inégalités en France). Ils sont 2,5 millions de contrats à durée déterminée, 707 000 intérimaires et 432 000 apprentis.

Cette précarité est en augmentation constante. Il n'y avait que 5 % de travailleurs précaires en 1980. Cela reflète un changement important de l'organisation du travail, avec davantage de flexibilité et de contrats courts. D'après l'Observatoire des inégalités, les 2 lois Travail des présidences Hollande (loi El Khomry) et Macron (loi Travail 2) « ont poussé dans ce sens en assouplissant encore les règles ».

Des contrats de plus en plus courts

En 2017, sur 100 salariés embauchés, près de 70 le sont avec un contrat de moins d'un mois ! Et la France apparaît comme le premier pays utilisateur de contrats de moins d'un mois en Europe !
Le CDDU a contribué à faire exploser ce nombre. Selon un rapport de 2015 de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales), qui en fait une critique sévère, il est chaque année à l’origine de 3,7 millions d’embauches, soit 39 % des embauches du secteur tertiaire. Un quart des CDDU étaient des contrats de moins d’1 jour et la moitié de moins d’une semaine. Auparavant, ces contrats étaient souvent requalifiés en CDI par les juges, mais ce n'est plus le cas. La précarité a marqué des points dans le droit français !

Qui est le plus touché·e ?

- les salarié·e·s de certains secteurs : l'hébergement médico-social (EHPAD par ex.) où les conditions de travail difficiles entraînent beaucoup d'absentéisme et le recours à des remplaçant·e·s. Mais aussi dans l'hébergement/restauration, les arts et spectacles et les services administratifs. Entre 2000 et 2017, les contrats très courts ont doublé dans ces secteurs.
- les plus jeunes : en 1982, sur 100 jeunes de 15/24 ans embauchés, 17 seulement avaient un contrat précaire. Ils sont maintenant 53. Ils·elles représentent le tiers des travailleurs précaires et sont surreprésenté·e·s dans cette catégorie.
- les moins qualifié·e·s : en 2017, la part des contrats courts est plus élevée chez les ouvriers (22,4 % des ouvriers non qualifiés d'industrie, et 15,6 % pour les ouvriers agricoles, contre 1,5 % chez les cadres).
- les femmes occupent la plus grande partie des emplois des secteurs qui ont vu exploser les contrats très courts.


Et des conséquences graves sur la vie des personnes :

Ces emplois demandent souvent une grande flexibilité et une grande disponibilité. Ce qui les rend difficiles d'accès pour certain·e·s salarié·e·s en raison de problèmes de transport ou de garde d'enfants.
Ils ne permettent pas d'accéder à un emploi stable. Les salarié·e·s en CDD accèdent davantage... au chômage qu'à un emploi : un·e salarié·e sur 4 en CDD n'a plus d'emploi 3 mois plus tard.
Mais aussi :
- pas d'accès à la formation professionnele,
- pas d'accès aux « éléments de rémunération complémentaire » (ex primes, tickets restau..) des salariés en CDI
- des revenus très bas : entre 2011 et 2013, seulement un salarié en CCD de moins d'un mois sur cinq a obtenu un revenu annuel de 10 000 € ou plus ! Ces contrats courts sont plus souvent à temps partiel (29 %) que les CDI (19 %).
- pas d'accès au crédit bancaire et à la popriété en raison de l'instabilité de l'emploi.

Et c'est à ces travailleurs pauvres, peu formés, qui peinent à mener une vie stable dans des conditions dignes, que Macron veut s'attaquer avec la nouvelle loi sur l'assurance chômage. Honte à lui !


https://www.inegalites.fr/evolution-precarite-emploi

https://www.inegalites.fr/L-evolution-de-la-precarite-de-l-emploi-selon-l-age

https://www.insee.fr/fr/statistiques/3712196

https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/cbe9f6b8-e31c-40dd-b2ff-54acbdfc97ae/files/709edcc5-7679-42ab-aabf-ce3df4a20a5b

 

  emploi précaire (définition INSEE) : emploi salarié à durée limitée dans le temps (CDD, apprenti·e, intérimaire)        retour

CDDU : contrat à durée déterminée d'usage, qui permet aux employeurs de certains secteurs de renouveler autant de fois qu'ils le veulent des contrats de courte durée, sans verser d'indemnité de précarité !       retour

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