Les jeunes souffrent le plus
de la solitude
La solitude, on en parle. On l’appréhende. On admire celles et ceux qui s’engagent, à titre individuel ou au sein d’une association, pour que d’autres se sentent moins seuls. L’enquête de l’IFOP menée en décembre 2020 pour l’association « Astrée » dont la mission est de « rompre la solitude à tout âge » donne un éclairage instructif sur une réalité encore aggravée par la crise sanitaire.
Dans un contexte marqué par cette crise, le sentiment de solitude progresse au sein de la population : 18 % de nos concitoyen·ne·s déclarent se sentir seul·e·s pendant la crise, contre 13 % précédemment.
Voir les résultats de l’enquête de l’IFOP
Ce sentiment de solitude apparaît fortement chez 30 % des célibataires interrogés, 29 % des personnes les plus pauvres (contre 10 % chez les plus aisées) et 26 % des demandeurs d’emploi. Ces situations qui se cumulent plus souvent chez les jeunes expliquent sans doute pourquoi ces derniers sont les plus nombreux à en faire état. Si la solitude, dans l’opinion, est avant tout associée à la vieillesse, ce sont surtout les jeunes qui en souffrent : 27 % des jeunes de 18 à 24 ans, contre 10 % des 65-74 ans et 16 % des 75 ans et plus.
Plus de 80 % de la population estiment que la solitude est un problème important ou très important. Pourtant les pouvoirs publics ne sont pas perçus comme des acteurs dignes de confiance pour la combattre. À la question « à qui faites-vous d’abord confiance pour réduire la solitude ? », les réponses plébiscitent les associations (35 %) et les personnes du quotidien (30 %). Les élus locaux ne représentent que 4 % des réponses et le Gouvernement et les Employeurs seulement 1 %. Avec 2 % des réponses, les technologies de communication ne sont pas davantage considérées comme un moyen de rompre cette solitude (voir notre article sur la "révolution" technologique).
Est-ce vraiment étonnant quand on sait que les jeunes de moin de 25 ans sont exclus du RSA (revenu de solidarité active) et que près de 10 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté ? Lorsqu’on est privé des moyens de vivre dignement, on est de fait exclu d’une vie sociale indispensable pour rompre la solitude. C’est bien l’indigence des politiques publiques en matière d’emploi, d’insertion et d’aide aux plus démunis qui explique ce manque total de confiance de nos concitoyen·ne·s envers leurs représentants pour réduire la solitude.