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Pour réduire les "incivilités", le TASER n’est pas une solution !
Par un compte rendu d’un Bureau municipal (= le Maire et ses adjoints), nous avons appris que "la formation de la police municipale à l’utilisation de pistolets à impulsions électriques" (PIE, souvent appelés TASER) a été examinée. Dans le même mouvement, on apprend que les policiers municipaux de Dijon et de Chenôve vont être équipés d'armes "létales" (à feu) en soirée.. Ce n'est donc pas anodin !
Le Comité contre la torture de l’ONU a qualifié l' utilisation du taser de "forme de torture". Amnesty International, d'après des données américaines, lui attribue la mort d’au moins 500 personnes qui, dans 90 % des cas, ne portaient pas d’armes. En France, le nombre de tirs au PIE a été multiplié par 8 entre 2010 et 2019.
Contre qui est dirigée cette mesure ? La situation à Quetigny est-elle si violente contre les personnes? Cette grave décision ne peut que conduire à l'escalade dans une société où les rapports sociaux se tendent. Elle sera assurément un mauvais signal en direction de notre jeunesse qui attend autre chose que des Tasers pour réduire son mal de vivre face au chômage, aux inégalités croissantes, et ses difficultés à se projeter demain sur une planète dévastée par les tenants d’un système qui les mène au désastre.
La police municipale devrait être celle de la proximité : décider de l'armer de tasers, c'est prendre un tournant sécuritaire dangereux. Armer avant de dialoguer, est-ce efficace ?
La tranquillité publique, la santé des citoyens sont des sujets majeurs de ce mandat. Le Maire considère-t-il que la majorité obtenue le 15 mars, dans les conditions que l’on sait, lui donne un blanc-seing pour envisager en catimini des décisions aussi graves ? Nous avons une autre conception du lien social et de la ville apaisée.
Nous ne sous-estimons pas les graves menaces que peuvent faire peser des personnes violentes sur la tranquillité et la vie de nos concitoyens, mais c'est à des services spécialisés dans la surveillance des propos violents et haineux sur les réseaux sociaux, la grande délinquance et le grand banditisme qu'il faut donner des moyens. Dans le cas du meurtre de Samuel Paty, on peut se demander pourquoi la plateforme PHAROS n'a pas pu donner suite aux signalements du meurtrier en juillet et août (avec quand même 400 tweets et une mise en scène macabre) : son effectif se réduisait au 17 octobre à une équipe de 28 fonctionnaires, débordée par 4 000 signalements par semaine.
Quant à la violence liée à l'insécurité sociale que vivent de nombreux habitants de ce pays (9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, dont les rangs vont encore grossir avec le 2ème confinement), c'est par une autre politique qu'il faut s'y attaquer! Et la spirale des dépenses liées à la politique sécuritaire (caméras, sociétés de surveillance, équipements..) grève une part du budget des villes, qui pourrait être utilisé autrement.
Les élus de proximité que sont les maires et les conseillers municpaux ne peuvent oublier ce contexte.
Pour aller plus loin :
Déjà en 2016, le sociologue Laurent Mucchielli publiait un article faisant le bilan des politiques sécuritaires et de leur efficacité, notamment au niveau des communes :
https://www.lagazettedescommunes.com/439079/securite-videosurveillance-radicalisation-le-bilan-sans-concession-du-sociologue-laurent-mucchielli-22/
En septembre 2020, ce sociologue donnait une interview au site ACRIMED (Actualité CRItique des MEDia) qui revenait sur une émission de la chaîne Cnews, organe de diffusion des penseurs d'extrême droite, sur les incidents survenus dans l'été, après le déconfinement ; devenus chroniqueurs permanents sur les plateaux des chaînes grand public (LCI, BFM, Cnews..), ces penseurs diffusent en continu la haine et la division entre les citoyens d'origines différentes :
https://www.acrimed.org/Insecurite-et-ensauvagement-mediatique-entretien
Zemmour, condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine (entre autres en septembre 2020), continue ses ravages quotidiens sur la chaine Cnews dont l'actionnaire principal est Vincent Bolloré. Cela nous rappelle les pratiques d'un certain président d'un pays outre-atlantique, qui ne lui auront pas porté chance...