Les accidents du travail tuent
En France, en 2019, on compte 733 décès au travailde salariés relevant du régime général, un chiffre en nette augmentation par rapport aux années précédentes où l’on comptait entre 500 et 550 décès par an. Ces statistiques ne prennent pas en compte les accidents de trajet (environ 280 par an) ni les décès par maladie professionnelle (175 en 2019). Ces chiffres sont sûrement bien inférieurs à la réalité car il s'agit de ceux de l’assurance maladie ; ne sont comptés ni les agriculteurs, ni les autoentrepreneurs, ni les fonctionnaires, données quasi inexistantes et très difficiles à trouver. Ces accidents mortels du travail font partie des 655 715 accidents déclarés à la CNAMTS et les 99 000 accidents de trajets. Ils affectent surtout les ouvriers du bâtiment, les chauffeurs routiers, les ouvriers des industries et de la métallurgie, ainsi que des intérimaires.
Depuis les années 1970, les décès par accident du travail ont beaucoup diminué : il y avait à l’époque plus de 2 000 décès par an. Cette diminution a été rendue possible par une politique d’analyse des causes des accidents, permettant leur prévention. Ainsi en 1984, deux ans près la mise en place des CHSCT, il n’y avait « plus que » 1 130 décès.
Cela montre que ces accidents mortels qui perdurent sont évitables ; c’est ce qu’affirme même en 2017 le directeur adjoint des risques professionnels de la CNAMTS. Il affirmait : « Si les entreprises avaient respecté les principes de prévention édictées par le Code du Travail, ils auraient pu être tous évités » . Le problème, c’est ces principes ne sont pas appliqués dans les entreprises parce que ça coûte cher et que c’est plus contraignant... D’ailleurs la DIRECCTE Hauts-de-France alerte sur une hausse du nombre de chutes de hauteur depuis le début du déconfinement possiblement liée à une désorganisation, une volonté de rattraper des délais et un relâchement du respect des mesures de prévention.
En même temps, l’ Inspection du travail voit ses effectifs diminuer (moins 10 à 15 % ces 10 dernières années) et les conditions de travail de ses agents se détériorer. Certains inspecteurs du travail sont même poursuivis pour avoir voulu sanctionner des employeurs en faute avec la réglementation. Autre facteur aggravant : les diverses réformes du travail depuis 2016. Ces réformes ont permis entre autres le durcissement des conditions de travail et des cadences, ont affaibli la représentation des salariés dans les entreprises (avec par exemple la suppression des CHSCT), ont diminué la place de la médecine du travail. Ne serait-ce pas là une partie de l’explication de l’augmentation des morts au travail en 2019 ?
On peut comparer ce nombre à celui des policiers morts au travail en 2019 — sans, bien sûr, minimiser leur caractère tragique et insupportable, mais en s'interrogeant sur la place que lui accordent médias et réseaux sociaux et sur leur instrumentalisation par des politiciens en mal de démagogie et de récupération politique — : 2 morts en mission + 3 morts en service. retour
https://www.bastamag.net/Pourquoi-la-reforme-du-code-du-travail-met-en-peril-la-securite-et-la-sante-des
https://www.ameli.fr/cote-d-or/assure/actualites/accidents-du-travail-et-maladies-professionnelles-en-entreprise-quel-bilan-2019
https://www.bastamag.net/Chaque-annee-500-morts-au-travail-la-justice-se-decidera-t-elle-a-proteger-les
https://www.bastamag.net/En-France-le-travail-tue-2000-personnes-chaque-annee
https://www.youtube.com/watch?v=X237R2EYD1k&t=7s
https://www.franceinter.fr/justice/policiers-et-gendarmes-morts-en-service-des-causes-tres-diverses