Interview du directeur de Casino



Il nous a paru intéressant, à propos de la crise du COVID, de l’aménagement de la place centrale, de la vie économique de notre commune, du quotidien des commerçants quetignois, de recueillir les avis du directeur de Casino.   
M. Bosio, arrivé à Quetigny à l’automne 2018, a immédiatement et fort aimablement répondu, et s’est exprimé très librement.

Qui êtes-vous et comment êtes-vous arrivé ici ?
Je m’appelle Florient Bosio, j’ai 29 ans, je suis originaire de Mâcon, et je suis arrivé ici début juillet 2018 pour la reprise du "U Express". J’ai toujours travaillé en franchise, depuis 2012. J’étais dans l’Ain, et mes directeurs m’ont proposé de lancer avec eux ce projet ici, place centrale ; je n’ai pas hésité, je les ai suivis.

Quelle situation avez-vous trouvé ?
Nous n’avons pas d’historique, ni sur Super U, ni sur ce qui s’est passé ici dans les 10 dernières années.
On est arrivé dans le gros des travaux, et il y a eu des débuts forcément difficiles ; il n'y avait pas de parking. Mais depuis qu’on est arrivé, ça s’est amélioré de mois en mois, à tout point de vue. Ensuite, il y a eu l’épisode COVID. Ce n’est que depuis quelques semaines qu’on retrouve un "passage clients" comparable à 2019.

Comment définiriez-vous votre clientèle ?
C’est surtout une clientèle de proximité, pour des "dépannages". Ça n’a plus rien à voir avec le Super U ou le U Express d’il y a 10 ans. C’était un magasin vraiment sur le déclin. Ça nous a été confirmé par les commerciaux qui passent maintenant et qui passaient auparavant sous l’enseigne ‘’U’’.

Devez-vous affronter la concurrence d’autres magasins de la zone ?
On n’a plus réellement de concurrents directs. En plus, avec les travaux de la Poste et tout ce qui avait été négocié en amont avec le groupe ‘’U’’ et avec la mairie, on a pris la situation telle qu’elle était. Les travaux (local poste) ne nous ont pas fait plus de mal que ça, au contraire. Les magasins Carrefour et Lidl marchent bien aussi, ça ne nous impacte pas vraiment, car nous nous réinventons en magasin de proximité.
Beaucoup de monde, sans doute, hésitait avant de revenir chez nous. Il est vrai que Casino a depuis 30 ans une image de marque chère… mais nous avons beaucoup d’outils que la population n’utilise pas, comme Casino Max, une application liée à votre carte de fidélité, très ludique, pour tous les âges, permettant de fortes réductions certains jours… et pour l’instant très peu de nos clients le savent ! Casino a un peu de mal à communiquer là-dessus. Notre magasin va faire une campagne à ce sujet après le COVID, dès la rentrée. Je voudrais me lancer sur les réseaux, ce que je n’ai pas encore eu le temps de faire ; je me sens à l’aise avec ces applications.

Le rayon boucherie - poissonnerie rouvrira-t-il un jour ?
Certains directeurs, du temps du Super U, ont voulu rouvrir la boucherie, mais ça a été un échec. Les investisseurs qui sont venus en juillet 2018 voulaient aussi la relancer ; ça a même été écrit dans la presse ! En tout cas, pour l'instant, il ne serait pas possible de rouvrir la boucherie, avec tout ce que nous avons à investir par ailleurs ; on reste donc en libre-service.

À quoi attribuez-vous l’échec du Super U ?
En fait, nous ne faisons pas encore tout à fait le même chiffre d’affaires que le Super U… mais ils employaient 5 personnes de plus que nous à temps plein et la gestion n’y était pas ; nous sommes maintenant 17 salariés. Mes anciens directeurs généraux ont revendu le magasin ; et j’ai rencontré en octobre 2020 l’acquéreur, M. Bogiraud, aujourd’hui président de la société ; j’ai acquis des parts, et nous sommes maintenant associés.

Maintenant, vous possédez le fonds ?
Oui, et aussi les bâtiments, même celui de la Poste ; c’est nous qui avons fait les travaux dans ce "box commercial" ; la Poste est notre locataire. C’était acté dès juin 2018. Le fonds de commerce qu’on a acheté à Super U appartient à la société CONIDIS. Une autre enveloppe a été consacrée à l’acquisition des murs et du bâtiment complet.

Le coût de l’indemnisation pour le transfert de la Poste est de 660 000 € ; nous le savons par le Conseil Municipal, et nous pensions que c’était la Poste qui avait fait ses propres travaux.
Non, elle a seulement aménagé l’intérieur de ses locaux. C’était au nouvel acquéreur du bâtiment de s’occuper des travaux, c’est ce qui avait été conclu il y a déjà plusieurs années, bien avant notre arrivée.

Et la perte de surface consécutive à l’installation de la Poste vous a-t-elle gêné ?
Au contraire ! Nous avons certes "perdu" un peu de surface alimentaire, mais nous avons en même temps changé de catégorie de surface... Et nous avons acheté le fonds à Super U à un prix raisonnable, puisqu’il était en difficulté : il était "en portage", sans directeur permanent ; c’étaient des directeurs de centrales qui passaient tous les 1 ou 2 ans ! Le COVID nous a d’ailleurs — même si ça a été dur — "aidés" dans une certaine mesure… car les gens sont davantage venus faire leurs courses chez nous.

Et donc, maintenant, ça va bien ?
Oui. Je suis très content de travailler avec M. Bogiraud, président de la société, en duo ! On investit, on essaie de refaire petit à petit l’entretien du bâtiment. On a essayé de redonner une belle image au magasin, on continue de rénover l’intérieur et l’extérieur, et d’investir dans du matériel au fur et à mesure.

En tout cas, on vous voit souvent, lui et vous, dans le magasin, soit dans les rayons, soit en caisse…
C’est vrai, ça fait partie de notre travail de ne pas rester que dans notre bureau. On a eu beaucoup d’absents ces derniers mois. Tout le monde n’est pas à temps complet. On a embauché des étudiants, mais on a arrêté (sauf pour l’été) ; on ne prend désormais que des temps pleins ou des contrats de plus de 30 heures.

Et les employé·e·s présent·e·s aujourd’hui étaient pour la plupart déjà là au temps du Super U…
Oui, et certain·e·s bien avant les années 2000… On est vraiment une grande famille. J’ai toujours été dans la franchise, pas dans la grande distribution intégrée. On est très proche, on se tutoie. On fait notre bout de chemin, on a vraiment envie d’être là sur le long terme. On a amélioré l’accueil, pour animer l’entrée. On a eu de très bons retours.

Les caisses automatiques ont été supprimées ?
On ne voit pas d’utilité à les remettre, au risque de perdre le contact avec la clientèle ; donc pour l’instant, on laisse tel quel. En contrepartie, on a fait des efforts sur les temps d’attente en caisse, on est vraiment à cheval là-dessus.
Jusqu’à octobre 2020, on faisait les colis « Mondial Relay ». Cela avait été mis en place par l’ancien DG, mais ça tournait à l’anarchie et n’était pas très rémunérateur ; le commerce et le temps d’attente en caisse en pâtissaient. On n'est pas fermé à autre chose du même genre, mais pas comme ça et pas tout de suite!

Avez-vous le projet d'élargir le rayon bio ?
Oui. J’ai rendez-vous mercredi avec un distributeur bio qui n’a rien à voir avec ce qu’on trouve dans la grande distribution. Ce Monsieur vend vraiment du produit brut qu’on ne trouve que dans les magasins spécialisés. Nous n’avons que du bio modifié. On a élargi la surface bio en fruits et légumes, mais pour l’instant on en reste là. C’est difficile pour nous d’avoir des produits bio en vrac, aucun produit ne doit toucher l’autre, c’est très compliqué ! Et avec les centrales de distribution qui offrent un choix très élargi, on n’a pas trop de soucis.

Avez-vous été contacté par des producteurs locaux, bio ou non, comme par exemple la ferme du Château qui alimente Carrefour Market à Chevigny ?
Je ne connais pas ce cas, nous avons seulement les plus connus (Fallot, Vedrenne, Escargot de Bourgogne, Salaisons dijonnaises, Apidis…) ; il n'y a que 3 ans que nous sommes ici. C’est peut-être à nous d’aller chercher des fournisseurs de proximité. J’ai pris contact avec un producteur d’oignons/pommes de terre, de Couternon je crois, et je n’ai pas vraiment eu de retour... Mais pourquoi pas ?
Pour les fruits et légumes, on essaie de faire le maximum. Les prix ont flambé partout cette année. Depuis trois mois, le chou-fleur est à 5 euros ! Que ce soit Carrefour, Grand Frais ou Casino, on est pratiquement sur les mêmes prix. Chaque enseigne négocie ; si elle négocie sur les tomates, elle aura les meilleurs prix, une autre le fera sur les pêches, etc.

Globalement, vous êtes plutôt satisfait de votre implantation à Quetigny ?
Oui, on suit notre cours. Depuis 2018, on est sur une bonne pente et on ne va pas lâcher. Le Cœur de ville est en train de bien évoluer. Dans l’hypercentre, il y aura certainement de nouvelles têtes, avec la venue des habitations… Bien sûr, il existe différents points de vue sur cette opération, mais pour mon avis personnel et notre activité, c’est bien ! Vous pensez peut-être que les constructions sont trop denses, mais dans toutes les villes ça construit partout. Je travaille bien avec les différents services de la Mairie (crèche, école, etc.).

D’un point de vue esthétique, que pensez-vous de la nouvelle place ?
Je ne peux pas faire la comparaison avec l’ancienne car je n’ai pas assez de recul et d’historique, mais je la trouve bien, et mes proches aussi. Je suis bien à Quetigny et j’y vis maintenant depuis presque 3 ans. Il faut laisser du temps au temps, attendre encore quelques années avant de voir les arbres pousser et les massifs évoluer. D’ici deux ou trois ans, ça parlera déjà plus. Et tout n’est pas fini, d’après ce qu’on a vu sur les animations vidéo du projet. Depuis que je suis ici, je trouve qu’on a gagné en fréquentation au magasin en quelques années, en qualité de vie…

Quelles sont vos relations avec vos voisins commerçants ?
Je m’entends bien avec tout le monde. En termes d’animation, pour l’instant, avec le COVID, on ne peut pas faire grand-chose, mais dès que cet épisode sera derrière nous, on prendra ensemble des initiatives. En tant que plus grosse structure, on sera moteur sur cette place centrale. On essaiera de travailler en harmonie avec tout le monde. Nouveaux arrivants, le passif des travaux qu’ont connu les commerces plus anciens n’aura pas de conséquence pour nous.


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