En quoi une commune est concernée par l'égalité femmes / hommes


À chaque niveau de la vie publique, les choix politiques qui sont faits peuvent contribuer à l'égalité entre les femmes et les hommes. Et ces choix ne concernent pas que le poste de maire, mais c'est un début !

Dans la responsabilité politique :
Pour que les choses changent, il faut que les femmes accèdent aux responsabilités politiques. Leur manière d'exercer le pouvoir sera alors sans doute différente, faisant avancer d'autres conceptions de la politique. Dans certains pays du Nord de l' Europe, de jeunes femmes ont pu accéder aux plus hautes fonctions, et les choses bougent...

Depuis la loi sur la parité (listes alternant une femme, un homme), notamment dans les conseils municipaux, on a vu bouger des lignes. Ainsi à Quetigny, alors que quelques mandats en arrière TOUS les postes clés étaient tenus par des hommes (maire, finances, urbanisme, social, éducation...), ils sont maintenant partagés entre des femmes et des hommes.
Mais ce n'est pas fini :
- t
oujours pas de tête de liste femmes à Quetigny : la première fut Lucia Sacilotti de Réinventons Quetigny en 2020
- en Côte-d'Or, 21 % des maires sont des femmes... et seulement 2 femmes sont maires dans les 23 communes de Dijon métropole : il s'agit de 2 élues "sans étiquette", à Daix et Plombières-lès-Dijon
-
9 femmes seulement sont maires des 30 plus grandes villes de France.

Revenus / emploi / charges de famille :

En France en 2020, 28,4 % des femmes actives sont à temps partiel pour 8,3 % des hommes actifs (respectivement 28,3 % et 7,9 % à Quetigny en 2017).
Elles sont deux fois plus en sous-emploi que les hommes (7,8 % contre 3,1 %), c'est-à-dire en temps partiel contraint ou en chômage partiel.
En 2016, les écarts de salaire femmes / hommes sont de - 20,6 % chez les cadres, - 14,2 % pour les professions intermédiaires, - 7,9 % pour les employées, - 16,8 % pour les ouvrières.
En 2017, les femmes salariées du secteur privé qui ont trois enfants ou plus gagnent en moyenne 47,5 % de moins en revenu salarial net que les hommes.
Les retraites des femmes sont de 41 % inférieures à celles des hommes (revenus de - 28% pour les femmes qui ont une pension de réversion).


Et en 2017, 30% des familles avec enfants sont monoparentales, 26% avec la mère seule, 4% avec le père seul. Une famille sur 4 est donc à la charge d'une femme seule !

Les femmes sont moins bien payées que les hommes dans tous les secteurs, elles subissent davantage le temps partiel, et assurent davantage la charge des familles .
La politique sociale de la commune doit prendre en compte cette situation : il serait par exemple important d'enquêter auprès de ces femmes, notamment celles qui sont seules avec des enfants, sur leurs besoins dans la vie quotidienne, pas seulement financiers, mais aussi leurs besoins matériels, et de vie sociale.

L'analyse des besoins sociaux est un moyen de connaître la réalité en procédant à des enquêtes pour connaître la situation des femmes et leurs besoins.

Les femmes dans la ville :

Des enquêtes menées dans de grandes villes ont montré que la place et le vécu des femmes et des hommes dans la ville ne sont pas identiques.
-Les femmes se déplacent le plus souvent dans un but « utile ». Elles ne flânent pas. Ce sont elles qui le plus souvent accompagnent les personnes âgées, handicapées ou les enfants en bas âge.
-Elles sont parfois victimes du harcèlement de rue (34 % des femmes sur 12 mois selon les chiffres du Ministère de l'égalité Femmes Hommes).
-Les équipements mis à disposition dans la ville deviennent de moins en moins mixtes avec l'âge. Si on trouve autant de filles que de garçons chez les petits qui jouent dans les parcs sur les toboggans, cages d'escalade? etc., ce sont surtout les garçons et les hommes qui utilisent les équipements de loisirs extérieurs tels que city park, terrains de sport, équipements de fitness, skate park...
C'est ce qu'explique, par exemple, le géographe Yves Raibaud : « Nos études sur l’offre de loisirs montrent qu’à Bordeaux, les deux tiers des activités mises en place par les pouvoirs publics sont destinées aux garçons. Quand on s’intéresse à d’autres villes en Europe, on trouve un chiffre équivalent. On considère d’intérêt général que les jeunes garçons puissent libérer leur énergie sur un terrain de football ou un skatepark, des espaces dont on ne dit jamais qu’ils sont non mixtes mais qui, de fait, sont des terrains masculins. »

https://www.letemps.ch/societe/yves-raibaud-lamenagement-villes-construit-linegalite

Une ville égalitaire peut mettre en place des « marches exploratoires » ou des enquêtes pour connaître les besoins et les souhaits des femmes.
Il apparaît dans les enquêtes par exemple que les femmes souhaitent des endroits protégés pour se retrouver. Gageons que les aménagements type Place centrale et son espace ouvert et dénudé ne sont pas les meilleurs endroits pour répondre aux souhaits des femmes.

https://theworldnews.net/fr-news/quand-l-architecture-se-penche-sur-la-question-du-genre-des-batiments

https://www.lemonde.fr/societe/article/2017/06/26/mieux-accueillir-les-femmes-dans-l-espace-public-le-casse-tete-des-urbanistes-et-des-chercheurs_5151391_3224.html

L'éducation :

Si, depuis longtemps, il est acquis que l'école est mixte et doit être égalitaire entre les garçons et les filles, un certain nombre de « biais » peuvent créer de fait de l'inégalité si les adultes ne sont pas vigilants.

C'est un exemple que donne Yves Raibaud : « À l’école, le terrain de foot est souvent situé au milieu de la cour et accaparé par les garçons. Avec ce ballon qui roule, les filles apprennent à esquiver, à pratiquer des jeux qui ne prennent pas de place. Cet aménagement est porteur de sens, il construit l’inégalité en inscrivant dans l’éducation que les garçons sont au centre et les filles en périphérie. On attribue souvent aux filles la responsabilité de ne pas "aimer" le sport. Mais lorsqu’on les interroge, elles racontent des expériences douloureuses d’exclusion et de moqueries ».

De même que pour les espaces de loisirs, la participation des filles aux activités hors temps scolaires diminue avec l'âge.
Par exemple, à Quetigny en 2017, les filles constituent 48,4 % des 0/19 ans (source INSEE) ; donc les garçons... 51,6 %.
Or à l'été 2020, si on trouve 45 % de filles de 3 à 11 ans accueillies au Centre de loisirs, elles ne sont plus que 38 % des 11-13 ans à l'accueil jeunes, et seulement 19,5 % des 14-17 ans. Tout se passe comme si les filles pensaient que ces activités et ces lieux de loisirs ne leur étaient pas destinés.

Cela oblige donc à réfléchir sur l'origine de ces inégalités qui se fabriquent dans l'adolescence, entre un espace public, socialisé, ouvert aux garçons et dont les filles se sentiraient exclues. Il y a sûrement des pistes à creuser sur ce qui se passe dans la tête de ces jeunes, garçons et filles, et de leurs représentations des rôles et places de chacun·e. Alors que, rappelons le, ils sont à l'école ensemble ! Mais là aussi, des différences se font en raison des orientations souvent déterminées par le genre.

À l'échelle d'une commune, il est tout à fait possible de mener des actions volontaristes en faveur de l'égalité femmes / hommes dans les domaines qui relèvent de ses compétences, pour une ville harmonieuse et apaisée.

Vers notre site web