Birmanie : un avenir
qui ressemble au passé


La dictature birmane, depuis 1962, a perdu un peu de son pouvoir. Après des manifestations en 1988 et une forte répression, la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi remportait les élections en 1990. Un scrutin non reconnu, mais Aung San Suu Kyi recevait le prix Nobel de la paix.
2007 était marqué par la « révolution de safran » (moines bouddhistes) réprimée.
2008 voyait une nouvelle constitution rédigée par la junte pour une transition démocratique.
En 2010, Aung San Suu Kyi était libérée.
En 2011, la junte laissait la place à une administration civile.
En 2015, la victoire éclatante de la LND enclenchait un processus de démilitarisation ; l’armée gardait les ministères de l’armée, de la défense et des affaires frontalières.
En 2016, Aung San Suu Kyi formait un gouvernement.
2017 voyait une répression violente de l’armée contre la minorité Rohingya.

Les élections législatives du 8 novembre 2020 donnent la majorité absolue (82 %) à la LND dans les 2 chambres du Parlement. Le pays a changé, mais pas son armée, la TATMADAW, pour qui la situation est intolérable. Elle redoute que la LND passe à la vitesse supérieure et n'entame ses privilèges. Elle n’accepte pas le résultat des élections, parle de scrutin « entaché d’énormes irrégularités ». Le général Min Aung Hlaing recense 8,6 millions de cas de fraude, allégations rejetées par la commission électorale.

Le ton monte entre les militaires et la LND. Pourtant le plébiscite du peuple birman pour davantage de démocratie et de pouvoir civil est évident. La junte ne veut pas devoir revenir sur ses ressources et son fonctionnement. L’armée bénéficie du soutien de l’USDP, Parti de l’Union et du Développement (anciens militaires). Le poste de Vice-Président lui revient selon la Constitution...

le 1er février 2021, le coup d’État militaire est déclenché. Aung San Suu Kyi, « conseillère spéciale de l’État », est assignée à résidence. Le Président Win Myint est arrêté ainsi que 300 à 400 personnes, le Parlement étant sur le point de se réunir.
Très vite, les manifestations pacifiques s’étendent dans les grandes villes, suivies de refus de travailler chez les fonctionnaires et du boycott des entreprises appartenant à des militaires. Les journalistes se cachent. La « génération internet » qui n’ a pas connu 1988 voit arriver les coupures des réseaux sociaux. La situation se tend, les troupes se déplacent dans tout le pays et font craindre le pire. Les programmes de télévision sont interrompus et les communications perturbées. Les lacrymogènes et les balles réelles remplacent les balles en caoutchouc. Le général Min Aung Hlaing promet des élections après avoir instauré l’état d’urgence.

La libération de 23 000 prisonniers de droit commun — pour créer le chaos — provoque vols et incendies. La junte entend inciter des émeutes inter-religions et veut, en prétendant défendre les minorités ethniques, diviser le peuple birman. Les 8 et 9 mars derniers, des centaines de contestataires sont acculés pendant des heures ; à l'issue d'une nuit de raids et d’arrestations, l’armée plonge le pays dans un climat de peur. Les manifestations se succèdent chaque jour ; des milliers de personnes sont en état d’arrestation et des centaines ont été tuées. Les députés de l’opposition ont appelé à poursuivre la mobilisation. Un gouvernement en exil en Thaïlande souhaite modifier des lois pour permettre à la population de se défendre et d’utiliser des armes.

La répression inquiète les organisations des droits de l’homme. Bien que le Conseil de sécurité, avec la Chine et la Russie, ait adopté à l'unanimité une déclaration appelant la junte birmane à "faire preuve de la plus grande retenue" face aux manifestants, l’ONU et la communauté internationale ne semblent avoir que peu de poids pour faire pression sur un pays resté si longtemps coupé du monde.
Une fois de plus la Birmanie se ferme sur elle-même, et risque de plonger dans la guerre civile.

 

Pour aller plus loin :

https://www.youtube.com/watch?v=VzstQaRSdt4&t=38

https://www.youtube.com/watch?v=xL6kfBucSEI

https://www.youtube.com/watch?v=KMTW18uQ1C0&t=26s

https://www.francetvinfo.fr/monde/asie/coup-detat-en-birmanie-le-pays-est-aux-mains-de-larmee_4279791.html

https://www.francetvinfo.fr/monde/asie/l-article-a-lire-pour-comprendre-la-situation-et-les-tensions-en-birmanie_4297959.html


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