La jeunesse, victime collatérale
du Covid-19

 




Réputée plus armée pour résister aux assauts du virus, la jeunesse ne meurt pas du Covid, sauf malheureusement pour quelques-un·e·s d'entre eux/elles. Mais les conséquences de l'épidémie sur son état sont très graves. Isolement, pauvreté, démotivation pour poursuivre les études, sentiment d'obtenir des diplômes dévalués (diplômes « zoom »), perte de confiance dans l'avenir : son quotidien comme son horizon de vie sont très durs.

Les jeunes sont les victimes collatérales d'une politique d'État qui se cache sous des dehors « protecteurs ».
Après avoir retiré de son vocabulaire le terme de « relâchement » et avoir enfin cessé de stigmatiser la jeunesse comme voie de circulation du virus, de la culpabiliser de transmettre un virus qui tuait les plus âgé·e·s (dans la solitude organisée des EHPAD), voilà que le gouvernement se réveille et pense à nos jeunes !

OUI MAIS :
- il pense aux jeunes mais refuse de mettre en place un revenu minimum pour les jeunes type RSA : ce sont les entreprises qui éventuellement voudront bien les embaucher qui seront aidées. Elles toucheront 4 000 € de compensation de « charges » pour un CDD de 3 mois au moins, ou un CDI, ou bien 5 000 € pour le recrutement d'un alternant (en contrat d'apprentissage ou de professionnalisation) de moins de 18 ans et de 8 000 € si celui-ci a plus de 18 ans. On retrouve bien là la vieille philosophie recyclée de la droite ultra-libérale : « hors le travail, point de salut ». Encore faudrait-il qu'il y ait du travail !

- il pense aux jeunes mais refuse le retour des étudiants de faculté dans les salles de cours (ils n'ont droit qu'à 1 jour par semaine de présence seulement !) où ils peuvent avoir de vrais échanges avec leurs enseignants et leurs collègues étudiants, échanges indispensables pour une vraie formation.

Mais ce confinement si dur de la jeunesse, qui s'ajoute au couvre-feu, aux interdictions des lieux de vie sociale (cinéma, bars, concerts) a-t-il un sens quand par ailleurs les étudiants des classes préparatoires, BTS et autres formations professionnelles continuent, eux, d'aller en cours ? Il y a là une source d'inégalité qui n'a aucun sens.
Et de même dans les lycées, les collèges, les écoles, que ce soit à la cantine ou en cours, aucun moyen n'est mis en œuvre par le ministère de l'Éducation pour une vraie politique préventive de propagation du virus.

Par exemple, dans les écoles et établissements, le dépistage n'est pas systématiquement demandé dans les cas suspects. Et il faut 3 cas dépistés dans une école ou un établissement sur une période de 7 jours, pour qu'un test soit proposé à tous. Ce dépistage est laissé à la bonne volonté des parents comme des enseignants. D'où un fort sentiment chez ces dernier·e·s de ne pas être pri·se·s en compte.

C'est la politique du tout ou rien !

Conseillés par des communicants (la société BVA par exemple), E. Macron et son gouvernement modifient leur discours en fonction des résultats qu'ils veulent obtenir dans nos comportements (par exemple s'auto-autoriser à sortir en cas de confinement). Un régime d'exception s'est créé, dont les contradictions (« Tout ou Rien ») nous sautent aux yeux : autorisation des offices religieux et pas des cinémas et des théâtres, lycéens en cours et pas les étudiants, grandes surfaces ouvertes aux plus hauts pics de l'épidémie et pas les lieux de culture, pas de jauge dans les transports en commun... Le tout en louvoyant sur les questions essentielles : les masques, les tests, la situation grave de l'hôpital, la recherche sur la maladie...

En faisant de la politique sanitaire une politique répressive, qui nous habitue à toutes sortes de contrôles, de gestes, de comportements, le gouvernement ne nous rend pas notre pouvoir d'agir de façon responsable. Au contraire, il y a « ceux qui respectent » et « ceux qui ne respectent pas », qui sont stigmatisés. Or il n'y a pas pour l'instant de produit miracle pour éradiquer l'épidémie. Il faut donc passer à autre chose que la politique du « tout ou rien » et de la répression.

Dans nos entourages familiaux, nous constatons à quel point la jeunesse est soucieuse de la santé des plus âgés. Pourquoi ne pas faire confiance à son esprit de responsabilité, lui laisser la capacité de s'organiser avec les responsables des universités, des formations, et la sortir enfin du marasme dans lequel elle est enfermée ?

De la même façon, pourquoi ne pas faire confiance à l'ensemble de la population pour participer à un niveau qui lui est accessible (travail, association, commune, lieu de vie...) à l'organisation de la lutte contre la propagation du virus, imaginer des solutions aux difficultés rencontrées ? Bien sûr, il y a des débats, et c'est normal, mais on peut avoir confiance dans l'esprit d'initiative et de responsabilité de nos concitoyens. Lors du premier confinement, cet élan a eu lieu, malgré la nouveauté et la gravité de la situation.

Et surtout, il ne faut pas que le Covid, qui épargne les jeunes, mette leur vie en miettes.


Pour aller plus loin :

Barbara STIEGLER : De la démocratie en pandémie : santé, recherche, éducation, Paris, Gallimard, coll. « Tracts », 2021, 64 p.

https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A14189

https://www.education.gouv.fr/coronavirus-covid-19-les-reponses-vos-questions-306136

 

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