Lois liberticides, saison 6 :
l
e régime autoritaire, on y est (presque ?)

 

Le 2 décembre dernier, en plein confinement, le gouvernement a publié au Journal Officiel trois décrets renforçant le fichage. Le projet de fichier EDVIGE sous Sarkozy n'avait pu aboutir ; Macron a réussi à le mettre en place en toute discrétion, pendant que tout le monde regarde ailleurs, par exemple du côté du Covid, et du vaccin.

Ces 3 décrets étendent les 3 fichiers dit « de sécurité publique », PASP, GIPASP (prévention des atteintes à la sécurité publique) et EASP (enquêtes administratives). Ils ajoutent en effet à ces fichiers le fichage des opinions politiques, syndicales, philosophiques, du mode de vie, des lieux fréquentés et des relations, de la santé (notamment psychique), des activités sur les réseaux sociaux, des enfants mineurs.
Ils permettent aussi de ficher non plus seulement des personnes physiques, mais aussi des groupements et des personnes morales.
Et où quérir ces informations, si ce n'est auprès des voisins, collègues... ? La délation généralisée va-t-elle devenir la norme, après les appels au signalement des individus, et des agissements suspects qu'on a pu voir ici ou là ? Les pratiques de type « voisins vigilants », constatées dans les communes et les quartiers – et encouragées par les forces de l'ordre – ne favorisent-elles pas cet esprit de délation ?

Ces 3 nouveaux décrets visent et viseront massivement les personnes engagées qui luttent pour des changements profonds dans notre société, qui refusent l'autoritarisme et les lois qui mettent en pièces les services publics et nos droits élémentaires, conquis après la Libération.

Il s'agit d'une atteinte grave à nos libertés individuelles et aux libertés publiques, qui vient après 5 années au cours desquelles elles n'ont cessé de régresser:
- novembre 2015 : Sous Hollande, état d'urgence lié aux attentats terroristes, mais qui a quand même permis d'empêcher les manifestations au moment de la COP 21, et la répression de militants écologistes.
- octobre 2017 : les mesures de l'état d'urgence sont intégrées à la Constitution. Perquisitions et saisies, avec l'autorisation du juge des libertés et de la détention, assignations à domicile dans la commune de résidence sans feu vert judiciaire, création de périmètre de sécurité où les policiers sont autorisés à fouiller individus, bagages ou voitures sans permission d'un juge, et fermeture de lieux de culte sans passer par le juge.
Cette loi SLIT passe malgré de très nombreuses oppositions, y compris de la Présidente de la commission consultative des droits de l'homme et du Défenseur des droits.
- depuis mars 2020, et jusqu'à juin 2021, nous vivons sous état d'urgence sanitaire, avec des restrictions graves à toutes nos libertés, prises en catimini sur l'avis d'un conseil scientifique restreint et annoncées d'en haut, sans que les citoyens soient associés aux décisions.
- novembre 2020, la loi fourre-tout dite « de Sécurité globale » renforce la répression policière, en la plaçant hors contrôle des images, et en augmentant les pouvoirs de contrôle et de fichage des différents types de forces de l'ordre, en les étendant même à des sociétés privées de gardiennage.
Et s'ajoutent au tableau :
- les mesures contre la liberté d'informer qui attaquent le secret des sources, tout en protégeant le « secret des affaires »,
- le projet de loi « confortant les principes républicains » (= contre le séparatisme), que le gouvernement a dû revoir après les nombreux retoquages du Conseil d'Etat, et qui vise à établir, entre autres méfaits, un contrôle sur les associations "loi de 1901", à renforcer le contrôle sur les élus ou les lieux de culte, alors que des lois existent déjà...

Le 12 décembre enfin, confirmation a été donnée que la liberté de manifester est gravement mise en cause en France. 140 personnes présentées par Darmanin comme des « casseurs » ont été arrêtés arbitrairement et placés en garde à vue après avoir été exfiltrés violemment d'une manifestation pacifique. Accusés de préparer des actions violentes, ils ont été relâchés sans condamnation, après une arrestation et une garde à vue qui a laissé des séquelles psychologiques et physiques. 34 portent plainte contre l'État.
Voir la vidéo Médiapart : https://www.youtube.com/watch?v=LgG0cEaUAAw&feature=emb_logo

Tout est en place pour l'exercice d'un régime autoritaire, que l'on ne peut plus nier. La presse et les médias étrangers l'ont bien compris et s'en inquiètent.
Contre ces mesures répressives, nous appelons à participer aux marches contre les lois liberticides qui vont se dérouler en France le 16 et le 30 janvier, à l'appel du collectif national , et du collectif dijonnais #stoploisecuritéglobale.

Pour voir l'appel :
https://stoploisecuriteglobale.fr/

Pour aller plus loin :
https://www.laquadrature.net/2020/12/08/decrets-pasp-fichage-massif-des-militants-politiques/

Sur le site d'Amnesty International :
https://www.amnesty.fr/dossiers/droit-de-manifester-en-france
https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/actualites/usage-excessif-de-la-force-lors-des-manifestations
https://youtu.be/DZGf9ZcuiRs
https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression

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