Le nucléaire pour sauver la planète ?
Un conte
à dormir debout !


Depuis quelques semaines, une petite musique se fait entendre dans les médias, chantant les vertus du nucléaire "non polluant" pour résoudre le problème du changement climatique. Qu'en est-il ? Y a-t-il des alternatives pour se passer du nucléaire ?
L'énergie vient à manquer ? Vive le nucléaire ! Profitant de la crise énergétique déjà en cours dans de nombreux pays, les partisans du nucléaire redressent la tête. Et l'opportunité des projecteurs de la COP 26 braqués sur les émissions de CO2, liés à la (sur)consommation d'énergie, a fait le reste.
Le candidat non déclaré à la présidentielle Macron (c'est une mode en France) annonce la couleur le 9 novembre en proposant le développement de « petits réacteurs nucléaires » qui seraient une alternative à l'émission de gaz à effet de serre des énergies fossiles.
Le terrain avait été bien préparé par un rapport de Réseau de Transport d'Électricité (RTE), dont les médias ont été la caisse de résonance. Il propose à l'horizon 2050 la création de nouvelles centrales nucléaires (entre 6 et 14 EPR !) et le prolongement de celles existantes, tout en insistant sur le développement des énergies renouvelables pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Le nucléaire : un gouffre financier et une faillite technologique :

On sait que le nucléaire est une particularité française...
Or le 1er EPR construit en Finlande a 15 ans de retard et ses coûts sont hors de contrôle. Le 2ème, en France, à Flamanville, accuse 10 ans de retard et un coût passé de 4,5 milliards à 20 milliards. Un des deux EPR construits en Chine est arrêté depuis juillet en raison de fuites radioactives. Cela prouve, s'il en était besoin, la faillite technique et financière d'une politique énergétique pensée dans le monde d'avant. La puissance financière d'EDF n'est plus, AREVA a fait faillite. EDF n'est déjà pas capable de financer la rénovation des réacteurs actuels, elle le sera encore moins pour financer le coût élevé de leur démantèlement.
Macron a donc botté en touche en proposant la construction de mini-réacteurs nucléaires, mais ce choix va à l'encontre des contraintes imposées par cette énergie. Les mesures de sécurité qu'elle impose ont un coût très élevé, donc il faut des gros réacteurs pour produire moins cher, mais là on en revient au problème des EPR (voir ci-dessus). Le coût de l'électricité produite par les miniréacteurs serait de de 130 à 150 euros le MWh contre 42 à 46 euros pour les centrales nucléaires actuelles, soit 3 fois plus cher ! (92 euros pour l’EPR).

Le nucléaire plus sûr et moins polluant?

Les émissions de CO2 :
La filière nucléaire rejette des volumes de CO2 non négligeables, liés au cycle de vie des réacteurs et de leur combustible.

La radioactivité :

• L'extraction de l'uranium nécessaire au fonctionnement des centrales pollue : outre qu'il s'agit d'une activité extractive, elle produit de grandes quantités de déchets radioactifs contaminant les populations qui vivent autour. On peut noter que l'uranium existe en quantité limitée sur Terre. C'est aussi un enjeu économique qui alimente certains conflits armés (voir l'attitude et le rôle de la France dans le Nord du Mali, qui en contient).
• L'eau : l'activité "normale" des centrales produit de la radioactivité rejetée dans les rivières. L'eau est nécessaire au refroidissement des centrales, qui rejettent alors de l'eau chaude dans les rivières (lors de la canicule de 2003, pour continuer à refroidir certaines centrales, il a fallu chlorer l'eau pour éviter certaines proliférations). Le tiers de cette eau est évaporée, perdue pour les milieux aquatiques. Des nappes phréatiques, des étangs, des petits cours d’eau, des canaux ont été ou sont pollués en radioéléments par les sites nucléaires comme Marcoule, Pierrelatte-Tricastin, La Hague... Et que nous réserve l'avenir pour le refroidissement de ces centrales, avec la diminution du débit des cours d'eau au cours de l'été sous l'effet du changement climatique ?

Les déchets :
Le CEA a travaillé longtemps sur des alternatives à l'enfouissement ou au stockage des déchets dans d'anciennes mines, mais les recherches se sont arrêtées en 2019.
Il n'y a donc actuellement aucune solution pour traiter les déchets, pourtant hautement dangereux par leur radioactivité, et pour des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs millions d'années. La seule méthode utilisée est l'enfouissement, en espérant que tout ira bien pour les générations futures. Il n'y a tellement pas d'autre solution, et le lobby nucléaire est si puissant que ceux qui se battent contre le futur site d'enfouissement de Bure connaissent une répression sans pareille. Traités comme des malfaiteurs, harcelés, deux d'entre eux viennent d'être condamnés en septembre à de la prison ferme, et 4 avec sursis... Ce site, présenté comme LA solution, fait l'objet de réserves de la part de l'Autorité Environnementale qui déclare en janvier dernier : « la prise en compte des enjeux environnementaux n’apparaît pas toujours suffisante sur ce site ».

La sécurité :
Après Fukushima, on ne peut plus dire qu'on ne savait pas... À la merci d'événements naturels (ex. sismiques), d'accidents humains ou de conflits, le nucléaire est de par sa nature une bombe potentielle.
On sait déjà que l'emploi en France, dans les centrales, de sous-traitants nombreux et d'intérimaires (par ailleurs peu protégés des effets des radiations), n'est pas un gage de sécurité.
Macron veut confier le nucléaire au privé, mais la recherche du profit conduit à rogner sur la sécurité.

Quelle alternative ?

L'association négaWatt vient de présenter son scénario 2022 de sortie du nucléaire pour 2050, afin que les candidats à la présidentielle s'en emparent. Comme dans les précédents, ce scénario repose d'abord sur la sobriété et l'efficacité énergétiques :
- modification des modes de transport, avec le développement du transport collectif, du covoiturage, du vélo et de la marche, la réduction des distances parcourues ;
- allongement de la durée de vie des biens matériels et équipements en diminuant la consommation, augmentant la part des matériaux recyclés...
Mais aussi, pointant que le secteur du bâtiment utilise 44 % de l'énergie consommée en France, il propose d'accélérer la rénovation énergétique avec un plan de formation aux métiers, de financement des travaux, pour que progressivement cette rénovation soit obligatoire et concerne 800 000 logements labellisés par an (au lieu de 30 000 aujourd'hui !), la construction de moins de maisons neuves, la réhabilitation des bâtiments.
Il propose de diminuer la production de la sidérurgie et d'utiliser les techniques existantes et "matures" pour produire décarboné.
La consommation d'énergie "primaire" devrait ainsi passer de 2 600 TWh à 1 060 TWh en 2050, de source renouvelable et non carbonée. La santé de tous s'en trouverait améliorée et l'espérance de vie augmenterait de 3 mois ! (50 000 morts par an dues à la pollution).
Seule remarque: ce scénario n'évoque pas la surconsommation d'énergie que va entraîner le développement de la 5G : explosion des connexions et des données, mais aussi des centres de stockage de ces données qui sont, pour chacune d'elle, reproduites jusqu'à 7 fois pour être conservées.

Changeons d'horizon !

Alors que rien n'est prêt, Macron veut s'engager dans un projet de mini-centrales coûteux en investissements, recherche, formation. Ces miniréacteurs ne seraient de toute façon fonctionnels que dans 10 ou 15 ans , donc trop tard. Le lobby du nucléaire veut empêcher le développement de toute alternative, nous condamnant au désastre financier et écologique. Il faut que l'argent qui serait investi dans cette industrie mortifère qu'est le nucléaire soit détourné au profit de la vie sur Terre !


Sources:

articles Médiapart


https://www.negaWatt.org/

https://reporterre.net/Un-avenir-sans-nucleaire-est-possible-selon-negaWatt

https://www.sortirdunucleaire.org/Informez-vous

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