COP 26 : un "festival
de greenwashing"Un « festival de greenwashing » ! C’est l’expression de Greta Thunberg pour qualifier cette COP 26 qui vient de se terminer à Glasgow. Beaucoup d’affichages trompeurs (greenwashing) très en deçà des engagements indispensables et urgents pour limiter le réchauffement climatique et maintenir une vie supportable sur Terre.
Parmi les manifestants pour la « justice climatique » du 6 novembre, les critiques ont fusé : « une réunion entre blancs privilégiés », « Stop CO2lonialisme », « une comédie », « une honte absolue », etc. Critiques largement justifiées au regard de la situation et des propositions largement insuffisantes faites à cette conférence.
Les promesses de la COP 21 à Paris de tenir le réchauffement en dessous des 2 degrés n’ont pas été suivies d’effet puisque la courbe actuelle est sur la pente des 2,7 ° selon les les chercheurs du Groupe international de Global Carbon Project. En 2021 les émissions sont reparties à la hausse (+ 4,9 %) par rapport à l’année 2020 (- 5,2 %) pour revenir au niveau de 2019.
Une vingtaine de pays, dont de très gros pollueurs comme les USA et le Canada, ont certes signé un accord pour cesser de financer la construction de centrales à charbon, mais seulement à l’étranger, ce qui n’empêchera pas de nouvelles constructions chez eux. La Chine, responsable de près du quart des émissions, malgré des efforts importants consacrés aux énergies renouvelables, ne prévoit la réduction de ses émissions qu’à l’horizon 2030 et continue d’accroître sa production de charbon de 10 %.
À l’initiative du Costa Rica et du Danemark, une dizaine de pays dont la France ont bien signé un accord s’engageant à ne plus délivrer dans l’immédiat de permis d’exploitation ou de production de pétrole et de gaz, mais cet accord, bien qu’inédit pour la diplomatie climatique, reste symbolique. De nombreux pays, et non des moindres, prévoient la neutralité carbone à l’horizon 2060, voire 2070, horizon surréaliste au regard de l’urgence. L’accord final de la Conférence ne préconise plus une échéance de la sortie du charbon, le principal émetteur de CO2, mais seulement « une suppression progressive », ce qui permet tous les atermoiements et les renoncements !Justice climatique ?
Les pays pauvres, peu pollueurs, sont les principales victimes du réchauffement provoqué principalement par les pays les plus riches et les grands pays en développement (Chine, Inde) ; ainsi Madagascar, touché actuellement par une terrible famine... Selon une étude récente commandée par l’ONG Oxfam International [lire ici] les émissions des 1 % les plus riches de la planète seront 30 fois supérieures en 2030 à ce qu’elles devraient être pour limiter le réchauffement à 1°5. Et celles des 10 % les plus riches devraient à elles seules dépasser le niveau requis pour limiter le réchauffement à 1,5 °C d’ici 2030, indépendamment des émissions des 90 % restants.
Pollueurs et mauvais payeurs ! La conférence pour le climat de 2009 a décidé d’une aide de 100 milliards de dollars annuels, en partie sous forme de prêts, pour aider les pays pauvres et plus menacés. Cette aide est loin d’atteindre ce niveau, jugé d’ailleurs trop faible par le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guterres qui estime les besoins d'aide aux plus vulnérables à "300 milliards par an à horizon 2030".Assez de blabla !
Les mensonges du groupe Total qui, depuis 50 ans, nous bourre le mou pour entretenir la confusion sur le changement climatique et verdir son image [lire ici Politis] ont mis récemment en lumière la perversité et la folie de ce système économique basé sur le profit et les inégalités. Plus de 500 lobbyistes des énergies fossiles représentant plus d’une centaine d’entreprises climaticides sont à l’œuvre à la COP 26. Ce sujet des énergies fossiles et entré dans les débats par un tout petit accord ; on attend des actes.
Assez de blabla ! C’est l’exigence des jeunes générations inquiètes et angoissées face aux dirigeants politiques et économiques qui refusent les engagements indispensables. Il nous faut non seulement réduire les émissions et sortir des énergies carbonées mais aussi tourner le dos au mythe de la croissance et de la consommation tous azimuts pour y parvenir. Des choix drastiques doivent être faits à tous les niveaux : ONU, États, Régions, Communes, et dans tous les domaines : transports, construction, agriculture, etc. C’est une question de survie !Pour en savoir plus :
À la COP 26, plus de 500 lobbyistes du pétrole, du charbon et du gaz
Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre)