La crise...
pas pour tous !
Le CAC 40 n' a pas beaucoup souffert de la crise.
Les grands groupes formant le CAC 40 ont affiché une diminution de leur chiffre d'affaires de 12 % en 2020, ce qui est peu par rapport aux pertes de la restauration, du petit commerce et de la culture, et une baisse de profit de 55 % (36,9 milliards d'euros en 2020 contre 82,9 milliards en 2019). Globalement, le CAC 40 reste largement bénéficiaire malgré la pandémie, et seuls 6 groupes sur 40 ont fini 2020 en déficit (Renault, Airbus, Total par exemple) ; d'autres, comme Sanofi (12,3 milliards) ou BNP Paribas (7,1 milliards) ont vu leurs bénéfices battre des records.Des aides massives
Or tous ces grands groupes ont bénéficié d'aides massives et multiformes :
- report et exonération de charges fiscales et cotisations sociales
- prêt garanti par l'État
- chômage partiel
- protection des entreprises stratégiques
- baisse des impôts de production
- plan automobile
- plan aéronautique
- plan de relance
- achat d'obligation des banques centrales.
... tout cela sans conditions sociales, fiscales ou environnementales, sauf pour les deux premières mesures citées, qui s'accompagnent d'une interdiction des dividendes et rachats d'actions en 2020 et 2021, et d'implantation dans des paradis fiscaux (dont la liste est très restrictive).
À ces aides massives devraient s'ajouter les sommes issues du plan de relance européen.Les dividendes augmentent
Alors que le reste de l'économie (PME, petits commerces, services publics, secteur culturel) a subi la crise de plein fouet, seules les entreprises dont l'État est actionnaire direct ou qui avaient besoin d'un soutien massif (comme Renault ou Air France) ont répondu à l'appel à suspendre le versement de dividendes. Le CAC 40 a versé 42 milliards d'euros de dividendes et de rachats d'actions en 2020. En 2021, les dividendes repartent à la hausse avec 51 milliards versés aux actionnaires.Les banques en profitent
Les banques et tout le secteur financier ont joué un rôle central dans la distribution de l’argent public aux entreprises. En effet, certaines aides – en particulier les prêts garantis par l’État – passent par les banques privées, en principe à "prix coûtant". L’essentiel du risque est pris par l’État, qui en délégant au privé se dépossède du pouvoir d’orienter l’économie dans un sens plus social et plus écologique.
Les banques touchent un écot sur les émissions d’obligations souveraines des gouvernements européens mises en œuvre pour financer les aides publiques (500 millions d’euros).
Enfin, à condition de ne pas verser de dividendes, les banques ont pu emprunter à taux négatif à la BCE 1 300 milliards en 2020 et 130 milliards en 2021. Cette condition a été levée partiellement début 2021.L'emploi, variable d'ajustement
Les entreprises qui ont reçu le plus d'aides publiques (Renault, Airbus, Safran) ou qui versent le plus de dividendes (LVMH, Total) sont celles qui ont supprimé le plus d'emplois. Au total, les entreprises du CAC 40 ont liquidé près de 30 000 emplois en France et plus de 60 000 dans le monde. Renault a détruit 4 600 emplois, Airbus 4 498, Orange 7 500, Sanofi 1 000.... On a l'impression que les aides publiques ont plus servi à financer les mesures pour accompagner les suppressions d'emplois qu'à les sauver !Rémunérations patronales
Les dirigeants du CAC 40 ont communiqué sur leurs baisses de rémunération pour marquer leur solidarité avec le pays. En réalité, certains se sont augmentés (patrons d'Atos + 95,63 %, de Renault + 19 %, de Publicis + 13,78 % par exemple), d'autres ont cherché à dissimuler leur niveau réel de rémunération (Kering), mais globalement, la baisse consentie des rémunérations a été de 8,1 %. Dans la très grande majorité des cas, ces baisses sont en fait des dons à des fondations d'entreprises qui bénéficient de déductions fiscales à 60 %, ce qui fait qu'au total, « l'effort » des patrons est de 3 % de baisse de revenu !
Source :
Observatoire des multinationales : https://multinationales.org/IMG/pdf/rapport_allobercy_2.pdf